Le chinois mandarin, langue chinoise
Intro

Le chinois mandarin (très souvent nommé simplementchinois) est la langue la plus parlée au monde. Cependant, même s'il est aujourd'hui enseigné à tous les Chinois, les Chinois plus âgés ne parlent pas tous lemandarin mais d'autres langues chinoises, comme le cantonais, ou d'autres comme le tibétain. Cette langue, que les dirigeants communistes ont désignée comme lalangue véhiculaire de leur nation entière (d'où le terme de 普通話 pǔtōnghuà, « langue commune »), était d'abord celle de communautés chinoises du Nord du pays. Bien que possédant aussi une ancienne histoire littéraire, elle ne dérive pas de la langue classique littéraire et artificielle (文言 wényán), abandonnée en 1919 après avoir été utilisée comme langue écrite officielle et littéraire pendant plus de deux mille ans : en effet, c'est d'une langue vernaculaire parlée (白話 báihuà, « langue simple ») que le mandarin procède. En 1956, c'est la variante de Pékin qui est promue au rang de langue officielle. On la considère souvent comme la variante standard de cette langue. Le mandarin de Pékin possède cependant des spécificités (comme l'utilisation fréquente de la rétroflexion vocalique notée au moyen du suffixe -er) et on dit souvent que les Pékinois ont un « accent ». Le mandarin d'un Taiwanais sera donc quelque peu différent de celui d'un tel Pékinois.
En dehors de la Chine, d'importantes communautés chinoises partagent cette langue, qui est enseignée dans de nombreux lycées et universités de par le monde.
Comme les autres langues chinoises, c'est une langue à tons. Elle utilise quatre tonèmes, qui changent le sens du mot, haut et plat, montant, descendant légèrement puis remontant (modulé) et descendant.
Les tons sont représentés en République populaire de Chine par les accents sur les voyelles des syllabes de l'écriture romanisée dite pinyin et, à Taiwan, par les mêmes accents sur les graphèmes du bopomofo. On utilise aussi le numéro du ton à la fin de la syllabe quand les contraintes techniques empêchent d'entrer ou de lire les accents.
Les appellations
Le terme français provient du portugais mandarim (du malais mentari ou mantari, lui-même emprunté au sanskrit mantrin-, signifiant « ministre ») ; c'est la traduction du chinois 官話/官话 guānhuà, qui signifie littéralement « langue des mandarins » (magistrats de l'Empire). Le terme guānhuà est souvent considéré comme une appellation archaïque par les sinophones d'aujourd'hui.En RPC, la langue est nommée 普通話/普通话 pǔtōnghuà, « langue commune » ou 漢語/汉语 hànyǔ, « langue des Han ». À Taiwan, la langue est officiellement nommée 國語/国语 guóyǔ, «langue nationale ». Dans les communautés chinoises à l'étranger, particulièrement dans le Sud-Est asiatique, la langue est connue comme 華語/华语 huáyǔ, « langue chinoise » (華/华 huá est un terme désignant principalement la culture chinoise). Noter que bien que le terme de hànyǔ soit communément utilisé pour se référer au mandarin, cette terminologie est parfois contestée par les locuteurs d'autres variantes du chinois, qui trouvent que le nom implique que cette langue serait plus proche de l'ancien chinois que d'autres dialectes. Certains locuteurs du hakka, par exemple, affirment à juste titre que leur propre dialecte devrait justement être nommé hànyǔ car sa structure est plus proche de celle des textes anciens.
La forme standard du mandarin s'appuie sur la prononciation propre aux locuteurs de Pékin (cf. Prononciation du mandarin), sans certaines particularités phonétiques. Il existe en effet une grande diversité dans les prononciations régionales, pour deux raisons principalement. La première est que l'aire géographique où ce langage est la langue maternelle de la plupart des locuteurs est si étendue que l'on rencontre nécessairement des variations de prononciations d'une zone à l'autre. Ces différences régionales sont de même nature que celles que l'on entend dans les diverses régions francophones de France, de Belgique, de Suisse, d'Afrique, du Québec, etc. La seconde raison est que nombre de locuteurs possèdent le mandarin comme seconde langue. Ces locuteurs le contaminent ainsi fréquemment avec le système phonologique de leur propre langue maternelle. Le mandarin de Taiwan, par exemple, est devenu une variante relativement homogène du mandarin standard tel que défini par les autorités éducatives.
Le mandarin est parfois encore nommé de manière informelle pékinois (北京話/北京话 Beǐjīng huà, 北京方言 Beǐjīng fāngyán, « langue régionale de Pékin », ou 京片子 Jīng piànzi). À Taiwan, les partisans de l'indépendance de Taiwan insistent fréquemment pour que l'on utilise le terme de Beǐjīng huà à la place de 國語/国语 guóyǔ afin de promouvoir l'idée que le taïwanais devrait être leur langue nationale.
Histoire
Les langues chinoises se sont développées à partir d'une langue commune nommée chinoisarchaïque.La plupart des Chinois vivant en Chine du nord, au Sichuan, et, en fait, dans un grand arc de cercle allant du nord-est (Mandchourie) au sud-ouest (Yunnan), utilisent plusieurs dialectes dumandarin comme langue maternelle. La prévalence du mandarin dans toute la Chine du nord est principalement le résultat de la géographie, en particulier les plaines du nord de la Chine. En comparaison, les zones montagneuses et fluviales de la Chine du sud ont connu une plus grande diversité linguistique. La présence du mandarin au Sichuan est largement due à une épidémie survenue au XIIe siècle. Cette épidémie, peut-être la peste noire, ayant décimé la population de cette région, elle a permis plus tard une colonisation par les Chinois du nord de la Chine et, indirectement, explique l'implantation d'une langue du Nord dans une région méridionale.
Jusqu'au milieu du XXe siècle, la plupart des Chinois vivant en Chine du sud ne parlaient pas lemandarin. Cependant, malgré la mixité sociale entre membres de l'administration et gens du peuple parlant divers dialects chinois, le mandarin pékinois était devenu la langue dominante au moins sous la dynastie Qing, dont la langue officielle était le mandchou. Depuis le XVIIe siècle, l'Empire avait créé des académies d'« orthoépie », 正音書院/正音书院 zhēngyīn shūyuàn, dans une tentative de rendre la prononciation conforme au standard de Pékin. Leur succès s'était avéré très limité.
Cette situation a évolué avec la création (en RPC et à Taiwan) d'un système d'éducation d'école élémentaire dévolu à l'enseignement du mandarin. En conséquence, le mandarin est devenu la langue la plus couramment parlée par la plupart des habitants de Chine continentale et de Taiwan. À Hong Kong, cependant, la langue de l'éducation et des formalités reste le cantonais, bien que le mandarin soit de plus en plus présent.
Mandarin et pékinois
Une erreur commune consiste à croire que le mandarin serait le dialecte pékinois. Il est vrai que la prononciation standard et que la grammaire de la langue enseignée s'appuie principalement sur le dialecte de Pékin, mais la notion de mandarin standard reste un concept assez flou car il représente plutôt un ensemble de langues fabriquées et imposées au peuple, à qui l'on demande d'oublier ses prononciations régionales habituelles. L'accent des habitants de Harbin, autrefois en zone mandchoue, serait resté celui le plus proche du mandarin actuel. De la vaste aire qui s'étend de la Mandchourie au nord-est de la Chine jusqu'au Yunnan au sud-ouest, la langue maternelle de la plupart des habitants est le mandarin (dans son sens général), mais ces langues maternelles diffèrent toutes dans la prononciation, le vocabulaire et même parfois la grammaire, de la langue enseignée.Spécifiquement, conformément à la langue des natifs de Pékin, la plupart des locuteurs se conforment bien à la prononciation standard des consonnes rétroflexes (notées par zh, ch, sh et ri en pinyin), mais ils ajoutent souvent le -er final ─ communément utilisé comme diminutif ─ à des mots que d'autres locuteurs laisseraient tel quel. Ce trait dialectal est nommé 兒音/儿音 éryīn, « prononciation avec -er ». Il existe également de nombreux éléments lexicaux largement attestés dans la zone pékinoise mais fort rares ailleurs. En plus de toutes ces différences, comme c'est le cas pour les langues occidentales, il y a plus d'un accent propre à Pékin, dépendant du niveau social, d'éducation, etc.
Ces quelques exceptions mises à part, la prononciation locale des natifs de Pékin se conforme généralement très bien à la prononciation standard. En général, les prononciations locales des natifs d'autres aires du mandarin se différencient d'autant plus qu'elles sont éloignées de la capitale. Les personnes qui vivent à Tianjing ont aussi une prononciation assez standard. Les personnes qui vivent dans le nord-est de la Chine transforment couramment les syllabes commencant par ce que le pinyin note j en syllabes commençant par g ou k (conformément à l'étymologie, du reste) et ont des difficultés à prononcer les sons commencant par r. Les personnes qui vivent dans les aires plus au sud transforment souvent les consonnes rétroflexes du mandarin standard : zh devient z, ch devient c, sh devient s et r se prononcent plutôt comme z. Cette remarque est également vraie pour le mandarin parlé à Taiwan. Dans certaines régions les locuteurs ne font pas la distinction entre l et n (principalement quand ils ont le cantonais comme langue maternelle), et dans d'autres la finale vélaire ng est changée en n.
De plus, la langue enseignée emploie de nombreux tons légers (une absence de tonème qui rend la syllabe moins distincte ; cf. Prononciation du mandarin) pour les secondes syllabes des mots composés (consulter Sinogramme), alors que dans de nombreuses régions, en particulier au sud, le ton des deux syllabes est clairement marqué.
Variations grammaticales et lexicales
D'un point de vue officiel, il y a deux mandarins, puisque le gouvernement de Pékin se réfère à celui du continent comme étant le 普通話/普通话 pǔtōnghuà, « langue commune », alors que le gouvernement de Taipei nomme sa langue officielle 國語/国语 kuo-yü (en pinyin : guóyǔ), «langue nationale ». Officiellement, le pǔtōnghuà inclut les prononciations de plusieurs régions, alors que le kuo-yü est basé théoriquement sur les seuls phonèmes du mandarin de Pékin. La comparaison entre des dictionnaires des deux zones montre qu'il y a quelques différences substantielles. Cependant, les deux versions du mandarin scolaire sont assez souvent différentes du mandarin tel que réellement parlé, lequel subit l'influence de variations régionales./.../
http://www.chine-informations.com/guide/le-chinois-mandarin-langue-chinoise_242.html